Wednesday, March 28, 2007

Pause Photo: saison de randonnées


Réserve naturelle de Ehden, Mar.2007


Khonchara, Mar.2007


Bsétine el Aossi, Mar.2007


Ouadi Drâta (Mechmech), Mar.2007


El Râm (Mechmech), Mar.2007

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Tuesday, March 27, 2007

Pause Photo: la campagne


Douma, Mar.2007


Bsétine el Aossi, Mar.2007

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Thursday, March 22, 2007

Question de flux

Il y a deux manières de décrire les causes de l'amitié de circonstance. Je ne parle pas des amitiés désintéressées basées sur la complicité intellectuelle ou spirituelle, mais ces amitiés que vous semblez nouer, a priori, rien que pour en avoir, et qui restent nécessaires à la survie de cette espèce sociale que vous êtes.

Tout d'abord, il est que la relation d'amitié émerge souvent d'inégalités où, selon le principe des vases communiquants (mmh, pas vraiment), les sujets s'y engagent pour raccoler leurs propres manques et ceux des autres. Dans le cas spécifique (mais non spécial) d'une société superficielle comme la nôtre, cette inégalité entre deux sujets est généralement liée à l'information et la peste. Suivez.

For the sake of caricature, examinons l'hypothèse d'une amitié entre les lettres "M" et "Z"* (comme Mazen et Ziad, prénoms uni-confessionnels fétiches des médiocres télé-séries libanaises // au féminin on dira Maryam et Zeina). Les "autres" (l'environnement social, familial ou voisinal) seront représentés par les lettres "LA PESTE".

Situation 1: M < Z.
Aussi bien symbolisée par Z > M, cette situation se résume comme suit: M se régale de rumeurs croustillantes et autres potins délicieux concernant LA PESTE grâce à Zei-"les murs ont de oreilles"-na. Pour rester au courant de tout ce qui passe et s'immuniser contre les mauvaises langues et les noires intentions (LA PESTE quoi), il faut bien être au courant de l'actualité sociale avant qu'elle n'arrive. Patati après patata, à raison de quelques heures par semaine de mise à jour, LA PESTE n'a qu'à bien se tenir parce que, grâce à Z, Maryam sait tout sur tout le monde. Pour M, cette relation est nécessaire voire existentielle.

Situation 2: M > Z.
Ici, le flux d'information est inversé (Z < M). Mazen déballe toutes ses merdes et tous ses sales secrets à l'écouteur Z. Quand même ce transfert cathartique de data n'a lieu qu'occasionnellement ou même rarement, la valeur de l'information (projetée sur le référentiel de LA PESTE) impose cependant une approche prudente de la part de M qui doit en garantir le secret. Bref, M fait mieux de maintenir Z-"he knows too much" en ami plutôt que de l'avoir comme ennemi et faire face à un déballage de langue vindicatif. Encore, existentiel.

En deux mots; en plein dans l'ère de l'information, le manque et le surplus peuvent s'avérer décisifs quant à la création et/ou le maintien de vos amitiés. La clé: contrôlez vos flux.


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* Les lecteurs préalablement lavés par la bêtise de L'Orient-LeJour y verront les initiales du propagandiste (sinon analphabète) Ziad Makhoul, une sorte de mokho fadé habillé en journaliste qui n'écrit pas plus loin que la Syrie. Chers amis, ceci n'est que pure coïncidence.

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Saturday, March 10, 2007

Pause Photo


Beyrouth, Mar.2007

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Tuesday, March 06, 2007

Vive l'oppression

Il faut savoir que beaucoup de Libanais(es) ne se sont mis(es) à s'intéresser à la "politique" qu'en Mars 2005. Rafiq Hariri, l'ami séoudien des "occidentaux", trait d'union de la double tutelle séoudienne-syrienne sur le Liban avait été tué parce que devenu inutile, et les médias du monde entier se régalaient de manifs et de drapeaux décolletés tricolores libanais. Une grande partie de ces néo-illuminés sont des femmes, et ces Libanaises-là, contrairement à ce qui est voulu dans les reportages de la machine médiatique globale, ne s'étaient jamais entraîné le neurone quant à la politique, sauf si l'on veut considérer les rares occasions où elles écoutaient leurs pères et leurs maris se plaindre de tel politicien corrompu ou telle condition de vie, justement invivable. Permettez-moi de caricaturer, pour le plaisir de l'imagination, une conversation entre deux petites bourgeoises chrétiennes qui se retrouvent un mardi matin (lundi 'y a le ménage) autour d'un café turc gentiment préparé par "la fille" (la domestique de maison).

Mais tout d'abord, il s'agit de vous présenter les personnages et les circonstances de leur rencontre, dans ce qui aurait pu être un article de l'AFP repris dans l'Orient-LeJour.

La première femme, Jeanette, que l'on surnomme Jeannouta (elle trouve ça drôle puisque c'est vulgus et ça ne lui va pas), n'a jamais été très intelligente. Mais son fils lui, yokborné, il est premier de classe à l'AUB. Son mari travaille toute la journée, ce qui lui laisse amplement le temps de siroter un café par jour chez chacune de la douzaine de voisines qui habitent l'immeuble. Elle n'a jamais trop bien compris ce qu'il travaillait, son mari, mais elle ne trouve pas ça nécessaire, n'est-ce pas, tant que ça paye "la fille", les voitures et l'éducation du petit Einstein.

A côté (de la plaque), je vous présente Aurore. Malgré un prénom poétique qui ferait mourir de jalousie les chanteuses de variétés françaises, Aurore, elle, n'a ni le sens de la poésie, ni de quoi être enviée. Mais ceci, elle ne le sait pas. Déjà qu'elle roule les R de son prénom quand elle se présente, et en plus, pour elle, il suffit de se teindre, que dis-je, de se décaper les cheveux et de se gonfler au botox pour ne plus s'inquiéter de son appeal. Contrairement à Jeanette, elle passe ses après-midi à la boutique (elle vend des coli-fait-chier qu'elle rapporte de Milan et fait passer pour des bijoux rares), ce qui lui laisse les avant-midi libres, de quoi se refaire une jeunesse "au club" et passer chez sa copine voir les nouveaux rideaux.

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Jeanette et Aurore se sont rencontrées durant la manif du 14 mars 2005. C'était un lundi ensoleillé aux airs de printemps, une journée parfaite pour aérer la maison et siroter le café sur la terrasse. Mais Aurore ne pouvait pas rester chez elle. La patrie avait besoin d'elle et, surtout, les centaines de journalistes français et américains (pour elle, un journaliste étranger est nécessairement intello; elle aime) n'attendaient plus qu'elle pour commencer leurs reportages sur le souffle de démocratie qui caresse les poitrines de ces jolies libanaises libérées. Parce que, en fin de compte, il était "temps que les occidentaux réalisent que nous, les Libanais, nous sommes des gens civilisés, ouverts et modernes". Décapées, botoxées et shootés au Xanax.

Il était déjà 14 heures et Aurore n'en pouvait plus. Elle n' était pas seulement épuisée de marcher en talons pour se faire voir de tous les côtés de la manif (elle appelle ça des "longueurs", comme à la piscine du club), mais en plus, aucun journaliste n' était venu lui demander son avis sur qui sont les criminels et qui sont les gentils qui veulent vivre en paix à Eddé Sands. Elle décida finalement de laisser tomber sa mission de se faire broadcaster sur les télévisions du monde entier, et se dirigea vers la boulangerie "chez Paul" à quelques longueurs de là. Mais une fois arrivée, elle eut le malheur de réaliser que toutes les tables étaient prises. Vous devinez un peu le style, Aurore tenta de soudoyer le serveur avec deux dollars ("eh ça leur suffit, qu'est-ce que tu crois?") pour qu'il lui "débrouille" une table, avec vue sur la manif de préférence. C'est là qu'une gentille femme, un peu trapue mais bien sapée, lui offrit de s'installer à sa table, lui expliquant que dans de telles circonstances, c'était son devoir de faire preuve d'un minimum de solidarité nationale et de lui offrir une place à sa table qui était, en tout cas, trop grande pour elle et son mari seuls.

Et ce fut le début d'une amitié solide.

Deux ans plus tard. Deux heures plus tôt. Aurore a déjà fini sa tasse et demande à Jeanette si elle avait acheté les nouveaux rideaux en soldes. Question oratoire puisque, dans tous les cas, la réponse est la même, les soldes étant pour celles qui lésinent sur la qualité, la populace quoi. Ensuite, ça passe à la politique. A défaut de potins "mondanité" ('y en marre des mêmes chanteuses tout le temps) et d'emplois à temps plein, la "politique" est devenu le sujet de conversation de choix des mégères libanaises. "Tu les as vus aux nouvelles hier ? Nyaak !".

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Jeannouta et Aurore font partie de ce genre de femmes qui, aveuglées par les apparences, se plaisent à écouter les démagogues libanais les plus riches, et parfois les plus sanguinaires (ça les excite?), et les plus en vogue dans la presse propagande occidentale et pro-séoudienne. "La barbiche ? Ca ne m'a jamais gêné." Jeanette est convaincue que si elle pouvait se balader tranquillement au centre-ville de Beyrouth (même si elle ne l'a fait qu'une seule fois en six ans), c'est bien grâce à la générosité de feu Hariri, son altruisme et son amour pour le Liban. Aurore ne la contredit pas. D'ailleurs "les chiites sont jaloux et veulent ruiner le centre-ville". "Qu'est-ce qu'ils viennent faire avec leur arguilés et leur mobylettes ? Ils veulent combattre Israël d'ici ?"

Jeanette est d'accord. Le centre-ville, dont l'architecture a été conçue par Siniora même (un vrai homme d'état, a-t-elle lu dans l'Orient-LeJour), n'est pas fait pour les chiites. Ils sont pauvres et pas civilisés. "Comment veux-tu qu'on vive avec eux ?"

Aurore fait son possible pour garder son calme. Mais quand elle pense que d'ici quelques années, les chiites seront largement majoritaires et l'obligeront à porter le voile, elle éclate. "Je préfère mourir que porter le voile." Avant 2005, elle n'avait jamais remarqué de différence antre chiites, sunnites et druzes. Pour elle, c'était les musulmans. Mais maintenant, d'après ce qu'elle voit sur la LBC, les sunnites ont l'air d'être bien plus sympa. Déjà que les Séoudiens font tout leur possible pour le bien-être des Libanais ("Ils nous aiment, ils aiment venir chez nous en été"), et les Syriens, méchants c'est écrit dans leur gênes, ne veulent que notre perte. Soughiya badda tekhghoub el balad se dit-elle ("La Syrie veut détruire le pays"). L'Irak? C'est la faute aux Irakiens. Les Israéliens et les Palestiniens, eux, ont fait leur chemin hors du discours politique des Libanais(es) moyen(nes). Qui veut discuter de nouveaux vieux problèmes?

Etant toutes les deux partisanes de la vision manichéenne de la doctrine Bush post-Nayn-Ilèveun, et tout comme dans les films de Hollywood (qu'elles considèrent comme véhicule essentiel de culture et de "civilisation"), le monde de la géopolitique c'est des gentils et des méchants. "Bien sûr, les Américains ne nous soutiennent pas pour nos beaux yeux. Haha, chou ils n'ont que ça à faire ? Ils veulent répandre la démocratie et la liberté. Et ça se trouve qu'ils commencent par nous."

Jeanette et Aurore sont convaincues que Chirac, parce qu'il est Français et éloquent, est un grand homme. Affaire Clearstream ? Jamais lu. Amitiés avec dictateurs Irakiens et Séoudiens ? Que nenni. Si c'est pas à la télé, c'est que c'est pas vrai. Amour platonique avec les Hariri ? Et alors, c'est bien pour le Liban ! Après tout, reprend Jeanette, "nos ancêtres les phéniciens ont inventé l'alphabet et l'ont exporté au monde entier, et les Marseillais ont appris à faire du savon grâce aux croisés qui, eux, l'ont appris des Libanais". Ils nous doivent bien toute cette attention, les Français !

La conversation se réchauffe quand Aurore lui demande si le mari de MaRie, la voisine, "est toujours Aouniste". "Ma3'oul ? A quoi il pense ? Il n'aime pas la vie ?" Les voisins sont toujours difficiles à comprendre. Jeannoute chuchote, "Il paraît qu'il était communiste". "Yiiiii, moi les athés me font peur !" Et, sous-estimant la simplicité de son interlocutrice, elle continue: "Comment peut-on vivre en bon citoyen si on ne craint pas Dieu ?" Le silence s'impose.

Mesdames et Messieurs, ceci fut un épisode de la vie de Jeanette et Aurore. Un échantillon représentatif d'une large portion de la matière (très) grise libanaise qui se porte garante de mener à bout la "révolution" commencée en Mars 2005.. A bas la révolution. Vive l'oppression !


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Hariri: Famille libano-séoudienne pratiquement au pouvoir au Liban depuis 1992, et partiellement responsable de 45 milliards de dollars de dettes. Détient une grande part des richesses du Liban, le centre-ville reconstruit de Beyrouth inclus. Rafiq fut assassiné en février 2005 pour laisser place à son fils à la barbiche.
L'Orient-LeJour: Quotidien élitiste miroir de la (très extrême) droite chrétienne. Des gens stériles qui croient que eux seuls détiennent la vérité et le droit à (aimer) la vie.
AUB: American University of Beirut. Où tous les fils de toutes les mères sont premiers de classe.
Eddé Sands: Plage de sable hip où, les dimanches, il faut avoir une belle bagnole pour être "admis".
Siniora: Premier ministre actuel au rictus buccal diagonal. Trésorier de la dynastie Hariri.
LBC: Lebanese Broadcasting Corp. Filière libano-chrétienne des média tv Séoudiens; porte-parole de l'extrême-droite chrétienne (l'ex-milice des "forces libanaises").
Général Aoun: Chef d'un parti laïque qui, face aux campagnes féroces chargées de le discréditer, peine à rester majoritaire chez les chrétiens. Aouniste: Supporter (généralement [sic] aveugle) de Aoun.

Disclaimer. Le choix de femmes pour la caricature n'a pas d'intentions macho ou sexiste; les hommes sont encore plus manipulés et plus réactionnaires que leurs femmes.

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Thursday, March 01, 2007

i grew up during the war

i grew up during the lebanese civil war. scratch that. i grew up during the 1975-1990 lebanese civil war. scratch that also. i grew up during times of war in lebanon*. many have. i was born at a time when palestinians were dreaming of a state but had lost their compass. a time when israelis were mighty and wore red-flavored uniforms. a time when lebanese had weapons and nothing to lose. but i did not know any of that.

i am lucky to have been a child during the war times that followed my birth. i have no recollection of fear or stress. no memories of blood or forgotten bodies. no nightmares of tragedy or mutilation.

i do have faint memories of my mother's panic. it was during the liberation war**. ak47's made the weather from rooftops and balconies. rockets were flying all over our heads. windows were blowing. it was dark. it was decided we spend the night on a matress in the least exposed part of the flat, the entrance hallway. the farthest away from any window. my mother, a hardline atheist, was holding her sons under her arms and praying to the virgin mary. my father was standing next to the shattered-glass windows, trying to locate the source of fire. years before the matrix, my father thought he could dodge bullets. i felt no emotion. i was absent. i was only a witness. it was like flipping through a comic book. no fear. no tears. no worries. only recording.

then there was a brief cease-fire where everybody was allowed to flee. after which there was a long series of relocating from one "safe" place to another, the war demo-geography continuously changing and being reshaped. there was the underground parking lot of a beach resort. those were creepy times. i would wake up in the middle of the night (it was always night under ground). i would get out of the car and start walking in the huge multi-story parking structure looking for my parents***.

then there was a chalet in the high mountains. a summer that accounts for the best days of my childhood. i had lots of "friends", many of whom were way too rich but i did not care at that time. i got my first bike, a BMX that had beautiful white tires. i felt jealousy for the first time. my neighbor was an only child and had the coolest black bike ever. i had no classes to attend and no uncomfortable schoolbus to sit in for two hours everyday. i had my first major fight with my brother, of which i still carry a scar. i had my first fight with a thug-kid which ended happily when my brother taught him a lesson he would not forget. i lied for the first time. i had my first fireworks and my first campfire. my first kermesse. my first mug. my first stratego game.

then there was the grandparents in the valley. like a regular sunday gathering of the huge family, only that one lasted for weeks. the house was barricaded with a china-wall of concrete construction blocks.

finally, there was a family flat up on the hills. there were sounds. sitting in an improvised shelter trying to identify the exploding sounds that filled the room. was it the cannon in roumieh or the one in joura? and there were sights. standing before the living room window in the early morning, right before dawn, staring at beirut and watching fires and smokes rising in the blue, red streaks of bullets tearing the skyline and falling back on all sides, and the glowing-red reconnaissance bombs hanging in the air looking down at the city and teasing the people trapped amidst fire.

i am lucky to have been a child during war times. i have no recollection of war as a traumatizing experience. no memory of pain or suffering. i bow to my parents -and all parents- who managed to maintain a salutary level of sanity around my generation of spoiled kids.

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* some people find there is nothing civil about war. in fact, just like most other wars, the lebanese civil war did not involve the majority of lebanese as active participants, but rather as spectators and/or victims.
** no liberation is ever possible for this conveted piece of land we call a country.
*** at night, adults would gather in hundreds to watch the news around the only tv set in the parking lot.