Wednesday, August 22, 2007

Les chiffres d'Août 2007

120 valets-parking au Sky Bar, 10,000 clients par semaine
1 le rang de facebook au classement des sites les plus visités par les Libanais
3 sites proches du Courant Patriotique Libre à la tête des sites politiques les plus visités par les Libanais
840 membres du groupe All lebanese muslims on facebook
2,670 membres du groupe All sunna in Lebanon
30,040 membres du groupe All lebanese on facebook
0 canal sur ma télé
939 violations de la ligne bleue par Israël en dix mois (après la résolution 1701) / soit 3 violations par jour
11,782 violations de la ligne bleue par Israël entre 2000 et 2006 / soit 3 violations par jour
3 milliards de dollars d'aide militaire annuelle à Israël de la part des USA
10 années d'aide militaire à ce taux
50% d'augmentation par rapport à l'aide des années précédentes
2 millions de réfugiés irakiens en Syrie et Jordanie
127 milliards de pétro-dollars excédentaires en Russie
140 militaires tués en trois mois de combats a Nahr El Bared
?? civils tués à Nahr El Bared
?? militants islamistes tués à Nahr El Bared
30,000 réfugiés de Nahr El Bared
95% de chrétiens au Metn
56% des votes des "naturalisés du metn" pour Amine Gemayel
3 le nouveau symbole des phalanges libanaises (dieu, patrie, famille = fasciste)
0 membre des forces libanaises ayant abandonné la Croix biseautée
81% d'abstention aux élections partielles à Beyrouth 2
84% d'électeurs de Beyrouth 2 n'ayant pas voté pour le candidat vainqueur
0 élection représentative au Liban
Enfin, 17 organisations islamistes radicales légalisées sous le règne de Fouad Siniora (2005 - présent)

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Monday, August 06, 2007

Et une baffe, une, pour nous autres pauv' cons

Hier fut une journée mémorable. Les Libanais ont eu le plaisir d'assister à la bonne marche du système électoral libanais. Ce qui suit est un bref résumé du processus. Franchement, des fois on oublie qu'on est dans le troisième millénaire.

Tout commence par l'assassinat, à visage découvert(1), d'un membre du parlement libanais. Jusque là rien d'extraordinaire on est plutôt blasé, je sais. En fait ça commence plus tôt, quand ce même hurluberlu se retrouve "élu du peuple" grâce à une entente implicite avec les vainceurs prédestinés. Comment ça marche exactement? Faut demander au Patriarche maronite. Allez savoir, c'est peut-être même le Grand Pope en personne qui s'en est occupé. Mais bon, revenons à nos élections, celles supposées remplacer le siège laissé tout vide(2) par le-dit martyr. Les camps sont les mêmes. D'un côté, un "docteur" totalement inconnu et tout habillé d'orange comme l'oranger-mère qui, lui, habille d'orange ses députés et de laïcité son discours confessionnel, ainsi qu'un dinosaure électoral (en voie de disparition) dont les capacités réelles sont plus que douteuses, et leurs alliés de confession arménienne(3) qui, eux, s'arment de silence et d'union sacrée. De l'autre, le papa du martyr, ex-président de la république, "chef suprême" (oui oui) du parti fasciste libanais, monsieur brushing pour les uns, marchand exclusif du sang familial pour d'autres, et ses alliés, un parti tout-puissant qui puise sa force surhumaine d'une potion magique bonne poignée de dollars et d'un support franco-américano-séoudite(4), et leurs alliés, des partis au passé milicien qui n'attendent qu'une chose c'est de vider leurs réserves de cartouches pour en obtenir de plus nouvelles.

Le décor est installé, le champ de bataille aussi... Non attendez ce n'est pas si simple. Le candidat à l'orange trouve génial l'idée de contester la tenue d'élections parce qu'elles n'ont pas été officiellement approuvées par le président de la république (çui-là ça fait trois ans qu'il somnole sur ses chloriers et qu'il s'est constitutionnellement rendu tout à fait inutile). L'autre, le candidat toujours faché, se fache de la tenue d'élection à plus d'un candidat, puisque pour lui, le siège de son fils devrait lui revenir naturellement(5). D'un côté, la contestation ne trouve pas organisme constitutionnel compétent capable de juger sur la matière et tombe dans le shredder géant de la justice libanaise, et de l'autre, les accusations de trahison explosent et giclent dans tous les sens et le ridicule n'épargne même pas le patriarche(6) dans sa demeure (f)estivale.

Le décor est installé, le champ de bataille aussi... C'est à vous de jouer maintenant. Vous avez réussi à obtenir votre carte d'électeur (c'est pas évident pour tout le monde, l'Etat libanais pratiquant ouvertement le favoritisme) et vous avez fait votre choix. Entendons-nous, celui-ci est spectaculairement conditionné par les médias qui se torchent les antennes avec la loi électorale, par l'historique familiale, l'enchère des offres de services, 500 dollars US (trois fois le SMIC), la nécessité de se conformer au groupe identitaire de peur de disparaître de la carte politique, etc. mais vous avez tellement envie de croire au libre choix et à la démocrassille que vous tenez votre carte à deux mains et vous foncez vers le bureau de vote.

Devant le bureau de vote, c'est la foire au village en pleine ville. C'est tout en couleur (j'aime la vie en multicolore, écrivait l'autre analphabète) et ça joue des discours de haine en boucle. Pour accéder aux urnes (sexuées, attention), il vous faut accepter toutes sortes de "listes" (à nom unique) pour éviter les conversations déplaisantes. Vous triez les listes, puisque la plupart sont pipées, et vous entrez dans le bureau improvisé. Là, après avoir crié votre nom triple et votre confession(7), un septagénaire tout grisâtre, le pauvre il est vraiment pas bien lui, vous tend une toute petit enveloppe avec plein de tampons dessus. C'est génial. Votre coeur palpite. Vous remerciez tout bas Monsieur Bush d'avoir répandu la démocratie dans votre pays, vous sortez votre "liste", vous la glissez, vous léchez, vous collez, vous glissez de nouveau, vous signez, vous sortez. C'est ça l'intégration sociale, Monsieur Sarkozy.

La journée passe. On s'excite de part et d'autre du panorama médiatico-politique. On ferme les urnes. On compte les votes. On essaye de tricher. Les rumeurs fusent. La désinformation aussi. On essaye d'emflammer la rue pour détourner l'attention des résultats. On accuse ceux-ci et ceux-là. On perd les boules. On lance des propos racistes. On conteste. On déguise les résulats. On engage de faux analystes. On gagne. En face, on gagne aussi. C'est normal, personne n'aime perdre. Personne ne perd. C'est ça la vraie démocratie, tout le monde gagne.

Le lendemain c'est le même refrain. C'est la tempête après le cyclone. Les médias, qui font part entière dans la bataille, n'ont pas fini la campagne. Tous ont gagnés. Les autres ont triché, ou tout simplement "perdu politiquement". C'est traditionnellement le temps de recourir à la justice pour contester les résultats ou annuler le décompte de quelques urnes. Mais encore faut-il reconstituer le conseil constitutionnel que vos alliés ont trouvé judicieux de dissoudre quelques mois plus tôt parce que menaçant pour leur majorité au parlement.

Les élections au Moyen-Age, je vous dit c'est le bordel. Ca serait tellement plus sympa pour tout le monde qu'on organise des combats de chefs à mains nues, comme au temps d'Astérix. Au moins ce serait eux qui recevraient toutes les baffes.


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(1) Des visages que personne n'a pu reconnaître, c'est trop cool pour ce tout petit pays. Enfin! On peut y croire aux films américains.
(2) Pas totalement vrai puisque, en tout cas, le parlement libanais ne s'est pa réuni depuis belle Berryette et tous ses membres se sont agréablement retrouvés au chômage technique tout en touchant leurs salaires + benefits.
(3) En fait, ce que beaucoup de ces fachos n'ont jamais compris, c'est que les "arméniens" du Liban ne le sont que d'héritage, leur nationalité et appartenance socio-politico-fiscale étant purement libanaise. Mais bon, allez expliquer à un Lepenniste que Zidane est aussi Français que lui, bonne chance.
(4) C'est pas de la théorie, là on est en plein travaux pratiques.
(5) Voyez-vous, au Liban, l'héritage politique se fait horizontalement dans les deux sens.
(6) Le patriarche maronite: une sorte de poste ecclésiastique hérité du Moyen-Age, nourri par la foi et la mafia politique, s'assied sur un coffre, marche sur des tapis rouge, et dort sur un sabre croisé.
(7) A ce moment vous mourrez d'envie de crier que vous n'en avez rien à foutre de votre confession ou de celles des autres. Mais vous vous retenez, après tout, l'important c'est que votre petit papier soit compté.

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