Chers lecteurs

Chers lecteurs, fans profanes de ces espaces virtuels restreints de libre pensée, victimes volontaires de l'ennui quotidien, accros libéros au surf intellectuel, précieuses identités snobées par la conformité, snobs employés de Babylon, assidus nostalgiques du troc, hardis militants au service des (in-)égalités, passionnés mercenaires à la solde d'idéaux passés, infidèles suppôts du statut quo, doublures désappointées des doubles-agents, passifs entrepreneurs de projets fous, indulgents rêveurs de temps moins absurdes...

Chers lecteurs, je vous prie d'excuser mon absence temporaire due, comme l'exige la tradition, du moins dans les pays à climat tempéré, à un nettoyage de printemps généralisé qui vise non les dimensions visibles de cet espace mais l'entité complexe qui y est derrière. L'absence étant souvent plus communicative que la présence de mots, je vous invite à lire le noir qui comble le vide ci-présent.      et puis un quart de siècle, ça se fête

Au Liban nous avons la mémoire courte.

Prenez le climat par exemple.

Chaque hiver on n'entend que ça: C'est l'hiver le plus sec de l'histoire (climatique) du Liban; On est loin sous la moyenne saisonnière de précipitations (allez savoir d'où on ramène tous ces chiffres dans ce pays qui ne sait même pas calculer sa population); Dans le temps il pleuvait des mètres, des années! ; [et ma préférée:] Il y a quelques années encore on skiait en Octobre.

Et en été c'est le même refrain qu'on reprend: C'est l'été le plus chaud de l'histoire (décidemment climatique) du Liban; C'est la désertificiation qui nous vient tout droit de chez les Arabes; [et ma préférée:] Il y a qqs années encore on skiait en Juillet.

Si je voulais tenter d'expliquer ce phénomène, je me lancerais sur deux pistes. Soit nous sommes collectivement conscients de l'effet destructeur de notre activité sur l'environnement et qu'on en anticipe les conséquences inconsciemment.. Soit notre mémoire est vraiment trop courte, telle qu'on redécouvre les saisons et leurs extrémités chaque nouvelle année. On a beau dire que le Libanais est débrouillard et malin et s'adapte aux situations les plus difficiles.... Il n'arrive même pas à piger la rotation de la terre autour du soleil.